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Ausgabe:

Juni/2014

Spalte:

711–713

Kategorie:

Bibelwissenschaft

Autor/Hrsg.:

Cook, Johann, and Hermann-Josef Stipp[Eds.]

Titel/Untertitel:

Text-Critical and Hermeneutical Studies in the Septuagint.

Verlag:

Leiden u. a.: Brill 2012. XVIII, 496 S. = Supplements to Vetus Testamentum, 157. Geb. EUR 123,00. ISBN 978-90-04-24078-0.

Rezensent:

Patrick Pouchelle

Cet ouvrage regroupe les actes d’un colloque concluant un projet de recherche entre l’université de Munich (Allemagne) et celle de Stellenbosch (Afrique du Sud). Il comporte 17 contributions en anglais et 6 en allemand regroupées en 4 parties. On peut regretter l’ab-sence d’une introduction synthétisant les enjeux du colloque.
À travers ces articles, des problématiques très variées sont abordées. Van der Kooij (»The Pentateuch in Greek and the Authorities of the Jews«, 3–20) reprend le problème de l’origine de la traduction du Pentateuque. La LXX est cohérente avec la lettre d’Aristée présentant l’image d’un judaïsme gouverné par le corps sacerdotal.
Cook, »The Relationship between the LXX Versions of Proverbs and Job«, 145–155, contredit la thèse selon laquelle la LXX de Job et des proverbes sont l’œuvre d’un même traducteur en observant les mots spécifiques à l’un et à l’autre texte.
La thèse de Fischer selon laquelle la LXX de Jérémie traduit uneVorlage identique au Texte Massorétique (TM) est discutée par Stipp (»Gottesbildfragen in den Lesartendifferenzen zwischen dem masoretischen und dem alexandrinischen Text des Jeremiabuches«, 237–274). Il étudie la façon dont ce texte présente Dieu et établit qu’il est fidèle à saVorlage, différente donc du TM.
Schmitz(»Ιουδιθ and Iudith«, 359–379) rappelle que la LXX de Judith a été composée en grec, tandis que Jérôme prétend avoir traduit sa version depuis l’araméen. Cependant, certaines particularités de la Vulgate remonteraient au projet éditorial de son auteur.
D’autres contributions étudient la façon dont la LXX traduit une Vorlage difficile. Ausloos (»Judges 3:12–30: An Analysis of the Greek Rendering of Hebrew Wordplay«, 53–68) étudie le traitement des jeux de mots hébreux. Ceux-ci peuvent être translittérés, être intelligemment traduits en grec, faire l’objet d’une note additive, ou simplement être ignorés.
Bons (»Amos 5:26 – Überlegungen zur Textkritik, Textgeschichte und Übersetzungen eines schwierigen Bibelverses«, 297–308) dresse l’ensemble des interprétations d’Am 5,26 dans les témoins antiques. L’auteur en déduit la manière dont chacune de ces traductions a géré le texte présenté par le TM, certainement le plus ancien.
Kotzé (»Two Difficult Passages in the Hebrew Texts of Lamentations 5«, 273–295) traite de la traduction du livre des Lamentations. Lorsque le TM est inintelligible, le traducteur sait se départir de sa technique littérale pour rendre le texte compréhensible.
Lincoln (»An Analysis of the Use of Hebel as a Metaphorical and Symbolic Devise as Interpreted in LXX Ecclesiastes«, 157–171) analyse la traduction de Hebel dans le livre de Qohélet. Tout en maintenant ses techniques littérales, le traducteur suggère une interprétation plus éthique du texte hébreu.
Böhler (»Übersetzungstechnik und Textkritik in den Esdrasbüchern«, 97–125) montre que 1 Esdras, réputé »libre«, rend la polysémie des mots hébreux par des doubles traductions et ne maintient pas les répétitions de sa Vorlage dans sa traduction.
Certains auteurs présentent l’état d’avancement de leurs projets. En charge de l’édition critique de 4 Maccabées, Hiebert (»In Search of the Old Greek of 4 Maccabees«, 127–143) discute de quelques points de critique textuelle.
Joosten (»The Value of the Septuagint for Textual Criticism of the Hebrew Bible as Illustrated by The Oxford Hebrew Bible Edition of 1 Kings«, 223–236) présente l’apport de la LXX pour son édition critique du texte hébreu de 1 Rois. Certaines spécificités de la LXX pointent vers des variantes hébraïques meil-leures que le TM.
Karrer et de Vries(»Die Schriftzitate im ersten Christentum und die Textgeschichte der Septuaginta: ein Wuppertaler Forschungsprojekt«, 311–357) présentent les enjeux et les premiers résultats de leur base de données des citations de la LXX par le Nouveau Testament.
De fait, quatre articles témoignent de l’utilité d’un tel projet de recherche. Steyn (»The Text Form of the Isaiah Quotations in the Sondergut Matthäus Compared to the Dead Sea Scrolls, Masoretic text and Septuagint«, 427–446) conclut que les citations d’Isaïe par Matthieu sont plus proches du TM que l’édition de Göttingen. L’auteur confirme la pluralité des textes grecs à l’époque du Nouveau Testament.
Kraus (»Die Rezeption von Jer 38:31–34 [LXX] in Hebräer 8–10 und dessen Funktion in der Argumentation des Hebräerbriefes«, 447–462) étudie la citation de JerLXX 38 dans Heb 8,10. Il montre comment cette citation est utilisée par l’auteur de la lettre aux Hébreux pour son projet théologique.
Enfin, Nagel (»The θεός and κύριος Terms in the Isaiah Text and their Impact on the New Testament: Some observations«, 173–191) remet en faveur la thèse selon laquelle θεός a pu avoir été un bon correspondant du tétragramme. Il étudie aussi les conséquences des choix lexicaux d’Isaïe sur le Nouveau Testament.
On peut apprécier le fait que certains consensus soient discutés. Ainsi l’absence de l’image métaphorique de Dieu comme rocher n’est pas due à la LXX, selon Peters (»Revisiting the Rock«, 37–51). Les textes hébreux auraient été retouchés après la traduction de la LXX. Une telle approche hypercritique remet en cause la possibilité même d’une étude de la »théologie de la LXX« par une approche comparatiste. Telle n’est pas l’hypothèse de Rösel (»Theology after the Crisis«, 207–219) qui étudie la LXX du livre de Daniel. Cette version comporte des déviations par rapport au TM qui manifestent une actualisation du message de Daniel face à l’arrivée des Romains.
D’autre part, l’originalité des parties non kaige des livres des Règnes est remise en cause par Kreuzer (»B or not B?«, 69–96). En comparant ces parties à la version antiochienne, il montre qu’elles témoignent également de révisions vers le TM.
Van Rooy (»Revisiting the Original Greek of Ezekiel 18«, 193–205) démontre que le papyrus 967, non pris en compte intégralement dans l’édition critique d’Ézéchiel de Göttingen, comporte quelques leçons originales mais aussi des variantes secondaires et doit être utilisé avec précaution.
Il est intéressant de voir aborder des thèmes plus rares. Breytenbach (»Psalms LXX and the Christian Definition of Space«, 381–394) étudie les témoignages épigraphiques des Psaumes. Ceux-ci intéressent la critique textuelle de la LXX, mais aussi l’histoire des croyances et des cultes.
RogersThe Testament of Job as an Adaptation of LXX Job«, 395–408) étudie la réception et la réinterprétation de la LXX de Job par le Testament de Job.
Fabry (»The Biblical Canon and Beyond«, 21–34) traite de l’ordre des livres bibliques dans les trois grands codex. Cet ordre peut refléter une interprétation théologique à une époque où le texte est figé.
Enfin, More (»On Kingship in Philo and The Wisdom of Solomon«, 409–425) compare la Sagesse de Salomon, ainsi que la Vie de Moïse de Philon, avec les hymnes à la royauté d’Ecphante, Diotogène et Sthenidas. L’idéologie royaliste séleucide qui a inspiré ces hymnes est réinterprétée et appliquée à Moïse par Philon. Elle est moins présente dans la Sagesse de Salomon.
Pour conclure, on ne peut que recommander cet ouvrage par ces importantes contributions. Il s’agit d’un véritable florilège de la recherche actuelle sur la LXX.